L’Association Nationale pour le développement de l’Éducation Nouvelle a été créée en novembre 1969, à l’initiative semble-t-il de Françoise Jasson (directrice de l’école de la Source) et d’Émilie Roustin, directrice de l’école nouvelle Emilie Brandt. Leur idée était de répondre au besoin de formation et au besoin d’entraide formulé par les écoles, notamment celles de Lyon qui se sentaient isolées dans leur pratique.
En 1970, la première réunion a eu lieu dans un grand amphithéâtre Lyonnais, les fondatrices des écoles nouvelles sont venues échanger. Parmi elles, Mlle Parot (école nouvelle d’Écully), « une vieille demoiselle qui venait parler de l’école nouvelle, et Émilie Roustin, impressionnante…» Marie de Vals, Françoise Jandin, Denise Poirieux, Marguerite Bernard, Nina Rist (éditions du père Castor), Il y avait aussi des représentants de la Source, de l’école du Chambon sur Lignon…
Le regret de ces fondatrices a été de n’avoir pas réussi à intégrer l’école publique, leurs tentatives n’ont pas abouti. Ainsi à l’époque de l’école du Père Castor, Marie Rist faisait une demande pour devenir une école expérimentale intégrée à l’enseignement public (renouvelée lors de la loi Savary).
Une des explications de cette non reconnaissance pourrait résider dans le fait que ces femmes ont peu théorisé leurs pratiques (dixit Fabienne Karsky). Certaines ont relaté leur expérience dans des ouvrages, ont participé à des revues, mais pas suffisamment pour être reconnues. Leur volonté était d’être des praticiennes. En ce sens elles ont atteint leur but, car leurs écoles ont reçu des milliers d’enfants, ainsi que leurs parents. Parents, dont le rôle a été fondamental dès les débuts, tant par leur soutien moral et financier, que par leur implication dans la vie de ces écoles. Ils ont participé et participent pleinement à leur longévité.
En créant l’association nationale pour le développement de l’éducation nouvelle, ces fondatrices ont eu une visée élargie, elles ont construit un collectif autour de leur pratique, apte à porter des projets sur le territoire. Il y avait un enjeu de pérennisation des écoles, d’enrichissement mutuel, mais aussi un enjeu d’ouverture au monde, de développement sociétal. Elles avaient sans doute conscience qu’il leur fallait structurer le mouvement, mettre les écoles en réseau, favoriser une dynamique plus large afin d’assurer leur évolution et leur reconnaissance ; faisant l’expérience au quotidien des besoins des enfants, de leur épanouissement. Ces écoles, et dans leur prolongement l’ANEN, n’ont pas cessé d’être des lieux d’application de l’Éducation nouvelle, mais aussi des lieux de recherche et d’innovation.
L’ANEN s’est donnée pour objectif, la diffusion des valeurs et outils de l’éducation nouvelle et la formation des équipes pédagogiques ; son but initial était et reste aujourd’hui de mettre en place des actions communes pour aider les établissements dans leur recherche pédagogique, de proposer un échange de savoirs et savoir faire tant sur les plans administratifs et juridiques, que pour la formation des enseignants.
C’est ainsi que dès 1969, a été mis en place le Centre de formation des enseignants en pédagogie nouvelle. Localisé à Viroflay, il accueillait des stagiaires, rémunérés, qui faisaient aussi des études universitaires. Les stagiaires s’engageaient ensuite à travailler en école nouvelle et obtenaient un poste à Lyon, à Toulouse, ou à Paris. Mais les subventions demandées auprès du ministère de l’Éducation Nationale ne sont pas arrivées, et le centre a dû s’arrêter, l’expérience revenant trop cher à l’ANEN. Du reste, le stage mis en place durant ces deux années (1969-1971) n’a pas été reconnu par l’Éducation nationale.
Des étapes successives de 1975 à 2000, lui ont permis d’organiser ensuite la formation autour de l’échange de pratique et de la pédagogue Sylvia Wehreim, et d’obtenir une subvention du ministère.
C’est en 2012 que l’ANEN a souhaité élargir ses statuts, en permettant l’adhésion de tout établissement se reconnaissant de l’Éducation Nouvelle et de la charte de l’ANEN (L’adhésion à l’association n’est alors plus réservée aux écoles). Ainsi le centre de formation IRIS d’Asnières a rejoint l’association. De cette nouvelle collaboration est né le projet de faire enregistrer à l’inventaire du RNCP une certification, effectué en 2019. Ainsi que l’adhésion au réseau FRIDA Enfance, début 2017. À l’origine ce groupe a travaillé sur la question de l’accueil de la diversité dans le champ de la petite enfance, ses travaux lui ont permis de réaliser deux colloques sur la prévention des violences éducatives dites ordinaires. L’un à Rabat en Mai 2015 et l’autre à Toulouse en novembre 2016. L’ANEN y est intervenue en tant que terrain pratique de pédagogies bienveillantes et bien traitantes.
Après avoir été référencé au Datadoc en 2021, le centre de formation de l’ANEN est en cours de validation Qualiopi.